Un médecin malade du COVID 19 greffé bi-pulmonaire
Publié le : 21-02-2023
Une PREMIERE en France, pour survivre au Covid 19.
Et ce malade n’est autre que le Dr Georges GINIAUX, médecin généraliste, à AUBIGNY EN ARTOIS dans le Pas-de-Calais
J’ai 60 ans. Je suis médecin généraliste à Aubigny en Artois – petite ville du Pas-de-Calais, à 15 kms d’Arras.
Touché lourdement par le covid 19 au moment de la rentrée scolaire 2020, j’ai reçu la première greffe bi-pulmonaire de France dans le contexte du covid 19.
Celle-ci est survenue début novembre 2020 à l’hôpital Foch de Suresnes.
Une fibrose totale en septembre 2020
Après avoir passé la première vague sans encombre, en septembre, époque où il n’y avait pas encore de test, les symptômes sont apparus. J’ai eu un peu de température et j’étais essoufflé.
A l’hôpital d’Arras, j’ai été dépisté et placé en réanimation. Je développais une forme gravissime de l’atteinte respiratoire, responsable de la destruction quasi complète de mes 2 poumons. C’était une fibrose totale et irréversible. Etant en bonne santé générale, on a proposé à ma famille une greffe.
Rapidement la greffe
J’étais « arrivé » à l’hôpital Foch de Suresnes après avoir été pris en charge au CHU de Lille. C’était cette intervention ou la mort.
Il m’a fallu trois semaines après la greffe pour connaître un retour à une conscience totale.
Après deux mois passés en réanimation, j’étais tétraplégique. J’ai tout réappris à Suresnes. Pour sortir des soins intensifs, il faut être autonome.
Un réapprentissage total
De février à mi-décembre 2021, j’ai poursuivi ma convalescence au centre Sainte-Barbe de Fouquières-les-Lens (dans le Pas-de-Calais). On m’a pronostiqué deux ans pour récupérer le maximum de mes moyens physiques.
J’ai bien vécu cette période parce que je n’ai pas été concerné par la phase la plus critique. J’étais dans le coma. Je n’ai pas eu cette impression de mort imminente.
C’est pour mes proches que ça a été plus dur. C’est fou comme on peut faire involontairement mal à sa famille ; c’est surtout ça qui m’a rendu triste.
« Docteur » … et cependant « patient » !
D’un point de vue professionnel, ça fait drôle de se retrouver de l’autre côté de la barrière, de ne plus être le traitant mais le traité. Cela ouvre les yeux sur ce qu’on peut voir autour de soi.
Aujourd’hui, je n’ai pas à me plaindre, l’essentiel est d’être là. La vie m’a donné une seconde chance. J’ai repris le badminton trois fois par semaine, le travail aussi en allégeant mon planning. Je profite de mes enfants et de mes petites-filles.
Je suis heureux !
Et Après seize mois d’absence imputables au virus, ponctués par une greffe puis une longue période de rééducation, j’ai délivré mes premières ordonnances le 10 janvier 2022. C’était salvateur pour mes confrères aubinois : « Un médecin de moins, c’est toujours une catastrophe ». Mais aussi pour moi-même, tant au point de vue moral que professionnel. « C’est ancré en moi, c’est ma vocation ».
Je retrouve petit à petit ma patientèle, qui s’était tournée vers d’autres généralistes en mon absence.
Je n’ai pas essuyé de perte financière, la contamination étant reconnue maladie professionnelle, renforcée par une aide du Conseil de l’Ordre des médecins.
C’est un cas extrêmement rare. Il n’y a eu que 20 greffes à travers le monde avant LA MIENNE !
Je vis grâce aux poumons d’une autre personne. N’ayant jamais eu d’antécédents médicaux, c’est encore plus difficile de comprendre que je ne respire pas grâce à MES poumons, dans la mesure où il n’y a pas eu de préparation avant : je suis resté deux mois dans le coma avant cette greffe. »
Dr Georges GINIAUX – Voir son témoignage vidéo
Février 2023
France ADOT 62
Commentaire de FRANCE ADOT
Un témoignage intéressant à plus d’un titre.
On peut être médecin et se retrouver brutalement « patient » ayant sérieusement besoin d’une prise en charge médicale.
Gageons que France ADOT 62 n’aura aucun mal à convaincre le Conseil départemental de l’Ordre des Médecins de diffuser vers tous les médecins Pas-de-Calaisiens (ou « boyaux rouges ») l’appel à informer les jeunes et les moins jeunes sur le don d’organes. Un des points du Manifeste pour le don d’organes dont France ADOT s’est emparée.