Fédération des Associations pour le Don d'Organes et de Tissus humains

Témoignage d’un père donneur de rein

Publié le : 02-08-2025

A l’occasion de la cérémonie Arbre de Vie organisée par l’ADOT 17 à Saint-Martin-de-Ré le 29 juillet 2025, Dominique a témoigné de son don de rein à sa fille. Ecoutons-le.

« Bonjour,
 Je voudrais d’abord remercier l’ensemble des personnes qui ont participé ce matin à cette cérémonie d’instauration de ce lieu de mémoire en hommage aux donneurs d’organes et à leurs proches, autour de la plantation de cet arbre de vie.

Cet arbre ce matin pour moi, c’est d’abord une émotion. Je vis sur ce territoire depuis 40 ans, j’y ai fondé ma famille, j’y ai élevé mes enfants, mon fils, ma fille sont allés au collège derrière moi, et ma fille a eu Monsieur le maire ici présent comme professeur. Donc forcément il y a une émotion particulière.

Comment je suis rentré dans le monde du don d’organes ? J’y suis entré violemment, en janvier 2022 par un coup de fil de ma fille. Ce soir-là j’ai appris que ses reins ne fonctionnaient plus. Ensuite tout s’est déroulé relativement rapidement, et je suis devenu donneur vivant en mai 2023.

Pourquoi je viens ici devant vous pour témoigner ? C’est pour montrer que c’est possible, et je crois beaucoup à beaucoup à la valeur de l’exemple. Je revis comme avant l’opération. 48 heures après le don je suis sorti pour manger une crêpe dans Nantes, et depuis je refais tout comme avant. Le plus important, je reprends l’apéro comme avant, je remange des moules frites, je remange des steaks- frites comme avant, et j’ai repris mes modestes activités sportives.

Être donneur vivant, c’est une opération relativement banale qui concerne un peu moins de 600 personnes par an sur le territoire national. N’empêche que si cette opération est relativement banale, elle reste cependant, comme tout don d’organe, un acte d’amour de son prochain. Et il y derrière toutes ces greffes des histoires humaines tout à fait extraordinaires. Quand on s’intéresse un peu à l’historique du don d’organes, on trouve des histoires de femmes et d’hommes exceptionnelles. Des médecins qui soignent leurs patients dans leur propre résidence, des dialysés, des greffés qui sont capables de refaire de l’escalade.

Et puis il y a l’histoire de Gilberte et Marius. Je vous la raconte brièvement. Nous sommes à Paris en décembre 1952. Marius à 16 ans, il chute d’un échafaudage, il a un rein éclaté. On fait l’ablation du rein. Quelques jours après, son état se dégrade, et on s’aperçoit que finalement il n’avait qu’un seul rein. Donc la situation devient dramatique. Il est hospitalisé à Necker à Paris. Il y a là le professeur Jean Hamburger. Ce professeur travaille au service de néphrologie et il réfléchit beaucoup au problème des greffes. Devant l’insistance de sa mère, et parce qu’on ne résiste pas à une mère qui veut sauver son enfant, il va prélever un rein sur Gilberte et le greffer à Marius. L’opération à lieu le soir de Noël. Ce sera la première greffe à partir d’un donneur vivant.
Je vous remercie ».

Dominique, juillet 2025
Témoignage fourni par France ADOT 17