Fédération des Associations pour le Don d'Organes et de Tissus humains

Don d’organes : d’un sondage à l’autre, d’une enquête à l’autre

Publié le : 13-04-2022

Sondage don d'organes

Quand ils songent au don d’organe, les Français se représentent spontanément un acte de “générosité“ qui permet de “sauver des vies“. Depuis des lustres, ils se déclarent, en grande majorité, “favorables au don“.
Devant une affirmation aussi éclatante, comment comprendre les réticences familiales aux prélèvements ? Tout semble pourtant avoir été mis en œuvre pour une meilleure information légale, scientifique, pratique, et surtout humaine.

Ils en pensaient quoi il y a 30 ans ?

En 1992, pas de réseaux sociaux, pas de chaînes d’infos en continu. Le comité don d’organes (dont FRANCE ADOT) souhaite connaître l’opinion de nos concitoyens. Il lance début novembre une étude SOFRES sur un échantillon national de 505 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus.

L’acceptation

  • 89 % sont favorables ou plutôt favorables au don d’organes,
  • 81 % accepteraient le prélèvement sur eux-mêmes, 67 % sur leur conjoint et 62 % sur leur enfant.

Le refus

Selon eux, les raisons qui amènent quelqu’un à refuser sont : à 37 % religieuses, 22 % face au non-respect de l’intégrité du corps, 10 % les tabous, la peur et l’ignorance, 26 % ne savent pas.

La connaissance de la loi

98 % ne savent pas le nom de la loi dite Caillavet (qui a alors 26 ans…). Seules 20 % des personnes interrogées peuvent identifier les conditions prévues dans ses textes.

Et en 1993 ?

Un sondage initié par Le Pèlerin Magazine et TF1, réalisé par vidéo-questionnaire Télébus en décembre, sur 1021 individus et selon les mêmes critères, révèle que 76 % des Français sont d’accord pour un prélèvement après leur mort, 23 % ne sont pas d’accord, et 1 % sans opinion.

Sur leur enfant, 64 % sont d’accord, 35 % pas d’accord et 1 % sans opinion.

Le respect de leur volonté apparait fondamental. À la question : “Estimez-vous que la mise en place d’un fichier informatique gardant en mémoire les souhaits de chaque citoyen serait…“ :

  • Une bonne chose : 68 %,
  • Une mauvaise chose : 31 %,
  • Sans opinion : 1 %.    

Et aussi en 2007 ?

Enquête nationale en ligne réalisée par le CerPhi d’avril à juin, pour FRANCE ADOT, auprès des personnes favorables. 11 364 personnes interrogées : 9 811 porteurs de carte, 300 personnes ayant simplement indiqué sur papier libre leur accord pour être prélevées, et 1 253 non porteurs de carte.

Quelques repères

  • Être porteur de carte, c’est aussi évoquer plus facilement le sujet du don d’organes avec les autres. En quelque sorte devenir Ambassadeur du don d’organes …Seuls 2 % indiquent que, depuis qu’ils ont leur carte, ils ne souhaitent plus en parler, par superstition. Inversement, 74 % des porteurs en ont reparlé en famille, 53 % entre amis, et 29 % entre collègues de travail.
  • Les personnes qui portent une carte se distinguent : elles sont moins nombreuses à estimer que c’est difficile (17 % contre 25 % chez les non-porteurs), elles considèrent que c’est indispensable et à faire au plus tôt (62 %, contre 51 % chez les non-porteurs), et elles sont 93 % à avoir exprimé leur position à un ou plusieurs proches.
  • Parmi ceux qui ont fait connaître leur position à leurs proches, 98 % l’ont fait pour demander le respect de leur volonté, et 82 % pour épargner aux proches une décision difficile.
Barrigue et le don d'organes
Dessin de BARRIGUE pour la 1ère Journée Mondiale du don d’organes

Un peu plus tard encore, en 2011

Enquête les Français et le don d’organes, réalisée en ligne en février par l’Institut de sondage OpinionWay, à la demande de la fondation “Greffe de vie“, auprès de 1 019 individus de 18 ans et plus.

Une loi inappliquée, car méconnue

  • 87 % des répondants ne connaissent pas les règles législatives, et pensent qu’il faut avoir donné son accord pour le don d’organes, alors qu’il s’agit d’avoir signifié son refus.
  • 40 % des répondants croient qu’il suffit de porter sur soi une carte de donneur d’organes, 26 % qu’il suffit d’être inscrit sur un “registre du oui“ ou d’avoir fait part de son accord à ses proches, 21 % ne savent pas exactement.
  • Pour le refus, seuls 13 % des interviewés déclarent qu’il suffit de s’être inscrit sur le “registre du non“ ou d’avoir fait part de son opposition à ses proches.

Position des Français sur le don d’organes après leur mort

  • 76 % des Français se déclarent favorables au don de leurs organes. Parmi eux, les 2/3 ont fait part de leur position à leurs proches.
  • 55 % sont favorables au don d’organes de leurs proches.
  • 45 % des personnes opposées au don d’organes (pour elles-mêmes) en ont fait part à leurs proches.
  • 44 % des citoyens seulement connaissent la position de leurs proches.

Une enquête en 2016

Enquête Harris Interactive pour M6, réalisée en ligne en mars 2016 auprès de 284 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus. Les Français se déclarent prêts au don d’organes, mais en méconnaissent le cadre juridique.

Chiffres greffe d'organes
  • 92 % déclarent qu’ils accepteraient une greffe d’un donneur inconnu s’ils en avaient besoin,
  • Plus de 7 Français sur 10 déclarent que, de leur vivant, ils accepteraient de donner un organe non vital à leurs enfants (78 %) ou leur conjoint (73 %),
  • 84 % déclarent être favorables au don de leurs organes après leur décès, dont 61 % pour tous leurs organes,
  • 11 % s’opposeraient au prélèvement d’organes sur leur conjoint en cas de décès, 14 % en feraient de même pour leurs enfants,
  • Seuls 39 % ont une bonne connaissance de la législation française en matière de don d’organes,
  • La moitié déclare ne pas avoir évoqué avec leurs proches leur décision concernant le don d’organe en cas de décès.

Et en 2021, ils disent quoi ?

ViaVoice, institut d’études indépendant, établit chaque année pour l’Agence de la biomédecine un baromètre sur le rapport des Français au don d’organes. L’objectif est de mieux appréhender la manière dont le sujet est perçu et évolue auprès de toutes les catégories de population. D’abord centré sur la discussion du don d’organes avec ses proches, le baromètre a, au fil du temps, englobé un autre critère : la connaissance de la loi et la perception de son efficacité.

Enquête téléphonique réalisée en février 2021 auprès d’un échantillon de 1 000 personnes, représentatif de la population française âgée de 16 ans et plus.

Les enseignements du baromètre 2021

Presque inconnue il y a quelques années, la connaissance de la loi est aujourd’hui un acquis, chiffres à l’appui. Ils montrent par exemple que 17 % des sondés connaissent la loi spontanément, et 78 %, intuitivement. Le niveau d’information augmente parallèlement : 47 % des Français se déclarent informés sur le don.

Autre résultat probant : 75 % des sondés se disent favorables au don d’organes pour eux-mêmes et 62 % pour leurs proches. Seuls 17 % se déclarent opposés, et 8 % ne se prononcent pas.

Les 4 grandes catégories de sondés

Les éloignés

39 % des sondés. Ils ont une faible connaissance de la loi, même s’ils la trouvent efficace et en phase avec leurs valeurs. Ils ne se sentent pour autant que moyennement concernés par le sujet du don d’organes.

Les convaincus

40 % de la population, comprenant une surreprésentation de femmes et de CSP+. Ils ont une meilleure connaissance de la loi que la moyenne et la perçoivent comme efficace, tout en correspondant à leurs valeurs. Ils se sentent également très concernés par le don d’organes et tout à fait convaincus par le fait de donner.

Les indécis

15 % de l’échantillon. Leur connaissance de la loi est mauvaise, et elle serait, selon eux, peu efficace et pas forcément respectueuse du choix de chacun. Elle n’est pas non plus en phase avec leurs valeurs. Les indécis doutent de leur position personnelle quant au don d’organes, et ne se sentent pas très concernés par le sujet.

Les réfractaires

6 % de la population sondée. Ils représentent une diversité d’âges et de catégories socioprofessionnelles. Ils sont plutôt méfiants à l’égard des institutions publiques. Ils ont une connaissance médiocre de la loi, qu’ils jugent contraire à leurs valeurs. Opposés à donner leurs organes, ils trouvent que le sujet est intime, et se sentent peu concernés.

Remarquons que les bénévoles de FRANCE ADOT reconnaissent aisément ces quatre catégories de publics lorsqu’ils viennent échanger sur les stands d’information. Il s’agit alors de répondre au mieux à leurs attentes.
En ce sens, ces photographies régulières de l’opinion sont d’une aide précieuse.

Pierre Noir
FRANCE ADOT
Avril 2022