Fédération des Associations pour le Don d'Organes et de Tissus humains

Soignant et transplanté

Publié le : 09-06-2025

Un rein greffé à la place de la rate

A l’occasion d’une cérémonie Costarmoricaine « Arbre de vie », Christophe a témoigné de sa greffe de rein. Un témoignage intéressant venant d’un soignant

« Je me sais malade des reins depuis plus de 35 ans, même si à ce jour la maladie n’a pu être nommée … et je suis sans doute malade depuis bien plus longtemps.
Une maladie invisible au début si ce n’est à l’analyse d’urine les premières années, d’où l’importance de se faire dépister, chose qui était réalisée à l’époque de mon collège et lycée. Une fois mon atteinte explorée, les médecins ont pu me « prédire » une insuffisance rénale terminale 15 ans plus tard.

Pendant ces quinze années, l’insuffisance rénale s’installe, avec son bagage de signes et de traitement (fatigue, effets secondaires des traitements préventifs, régime …), mais pour autant sans signes physiques flagrants.

Puis vient le moment, sur proposition de l’équipe médicale, de l’inscription sur la liste d’attente de greffe, ce que j’accepte.

 Attente qui rend plus concret le fait que je suis un malade chronique,

  • A mes yeux (personnels et professionnels),
  • A ceux de mes proches,

et rend « public » le fait que je suis malade (collègues, réseau associatif, amis, loisirs …).

La dialyse d’abord

Peu à peu, l’insuffisance rénale terminale annoncée s’installe dans les délais prédits, et j’ai la chance de pouvoir choisir mon mode de dialyseJe peux rapidement reprendre mon activité professionnelle, ayant retrouvé une part de vitalité avec la dialyse qui représente alors 50 heures par semaine.

Puis la greffe

Après 20 mois d’attente, le second appel du centre de greffe est le bon, et je reçois un greffon d’une personne décédée.

En une nuit j’ai le sentiment d’avoir retrouvé l’énergie de mes 20 ans, oubliée depuis longtemps. Mes proches l’avaient également quelque peu oubliée aussi… J’ai la chance que le greffon prenne son rôle très au sérieux dès le tout début et encore aujourd’hui, après 18 ans de collaboration. Pour autant nous resterons toujours étrangers l’un à l’autre malgré le traitement antirejet (2 prises par jour).

Depuis que je suis greffé j’ai donc 3 reins, 2 anniversaires et une nouvelle hygiène de vie.

L’anniversaire de ma greffe est un jour à part, un jour de joie et de vie, mais aussi et de façon indissociable un jour de deuil, de souvenir et de merci pour mon donneur et pour ses proches, qui ont témoigné de sa volonté en faveur du don.

Aujourd’hui je témoigne

Être présent aujourd’hui, à l’heure de la retraite, et prendre la parole,

ou m’investir dans les associations, FRANCE ADOT et FRANCE Rein,

ou participer avec les coordinations hospitalières,

c’est une modeste façon de remercier les donneurs et leurs proches.

Que vous soyez pour ou contre le don d’organes, la loi actuelle garantit le respect de votre refus, avec le registre national. Si vous optez pour le don, seul le témoignage de vos proches du moment peut permettre que votre volonté soit respectée. Un écrit de votre main ou une carte d’ambassadeur, ou vos directives anticipées, s’ils sont retrouvés à ce moment-là, permettent de témoigner et pourront contribuer au respect de votre choix lors de l’entretien avec l’équipe de la coordination hospitalière.

Alors, si ce n’est déjà fait, dites à vos proches ce que vous souhaitez si jamais un jour …

Et en retour, demandez à vos proches ce qu’ils souhaitent pour eux-mêmes, si jamais un jour, car ce jour là vous serez le proche qui devra témoigner.… 
Merci de votre écoute et prenez soin de vos proches et de vous. »

Christophe juin 2025
Transmis par l’ADOT22

Arbre de vie

Témoignage de Christophe à Plouaret le 3 mai 2025