Fédération des Associations pour le Don d'Organes et de Tissus humains

Jean – parcours d’un donneur de moelle osseuse

Publié le : 13-09-2022

moelle osseuse

Un long cheminement

En 1970 j’avais 20 ans. Un de mes amis avait besoin régulièrement d’une grande quantité de sang. Ce fut le point de départ de mon engagement en faveur du don de sang. C’est ensuite tout naturellement que le don de sang allait me conduire, en 1994, au don de moelle osseuse. Une brochure allait me conforter dans mon choix. Formulaire rempli, prise de sang réalisée, et me voilà inscrit sur le fichier national des volontaires au don de moelle osseuse !

Mais les choses n’allaient pas être aussi simples que je l’imaginais. Je m’étais pourtant préparé à l’idée que, compte tenu de la compatibilité nécessaire entre donneur et receveur, cela serait long.

Il aura fallu 10 ans d’attente pour que le don puisse se concrétiser ! Ce fut le premier enseignement que je tirais de cette expérience. Il faut une motivation à toute épreuve, un engagement fort et durable pour un don qui peut aboutir ou non. Je me souviens avoir ressenti une certaine excitation et beaucoup d’espérance lors d’un premier rendez-vous pour un examen sanguin complémentaire. Hélas, il n’allait avoir aucune suite, sans doute à cause d’une compatibilité insuffisante.

Enfin, ce 5 décembre 2003 restera gravé dans ma mémoire. J’apprenais que mon groupe HLA était compatible avec celui d’un patient. Mais je devais d’abord effectuer un nouveau prélèvement sanguin afin d’approfondir et finaliser la compatibilité.

Bien qu’encore inquiet sur le résultat de cet examen final, ce n’était plus l’excitation qui dominait chez moi mais un moment d’intense gravité. Je réalisais que quelque part, un homme, une femme ou un enfant attendait ma moelle pour survivre !

J’ai vécu dans l’attente pendant six mois. Puis un nouveau courrier fixait le rendez-vous tant attendu pour le prélèvement, au mois d’août, à l’institut Paoli Calmette de Marseille.

Enfin le don …

Passage obligé au tribunal de grande instance de Marseille. On m’informa des risques éventuels encourus (anesthésie générale et prélèvement) et on vérifia que je faisais ce don sans pression. Retour à Paoli Calmette et un dernier entretien avec le médecin préleveur qui me donnait quelques explications sur le prélèvement qui se ferait le lendemain matin. Le don est totalement anonyme mais je sus cependant qu’il était destiné à une australienne ; c’est tout !

Le lendemain j’étais au bloc. Sous anesthésie générale on me prélevait une petite partie de ma moelle, environ 700 ml en quatre points de ponction dans l’os iliaque. En fin d’après-midi, je retournais chez moi. Le lendemain j’étais en pleine forme, même si j’allais ressentir une légère douleur dans le bassin pendant deux jours. Ce qui ne m’empêchait pas de bêcher mon jardin …

De nouvelles de ma receveuse

Quelques mois plus tard, j’ai pu contacter « France Greffe de Moelle » pour avoir, comme cela est prévu et toujours sous l’anonymat, des nouvelles de la receveuse. Tout allait bien pour elle depuis la transfusion.

Pour l’anecdote, après le don de moelle osseuse, France Greffe de Moelle m’a offert un sablier. Il représente le temps écoulé entre le moment ou le malade apprend sa maladie et le moment où son médecin lui annonce qu’un volontaire, compatible, accepte de lui donner sa moelle.

Mon engagement au sein de FRANCE ADOT

Pendant une dizaine d’années, en tant que bénévole au sein de France ADOT, j’ai eu le bonheur de participer à la diffusion de l’information sur le don d’organes, de tissus et de moelle osseuse. Tant avec les collégiens, lycéens, élèves infirmiers, qu’avec le public rencontré lors de nos tenues de stand. Je me plais à imaginer que parmi eux, certains ont enrichi la liste des Donneurs Volontaires de Moelle Osseuse. Peut-être grâce à tous nos témoignages ?

On m’a parfois posé la question : « Que ressent-on après un don de moelle osseuse » ? Pour ma part, un sentiment du devoir accompli, celui d’avoir participé avec bien d’autres à cette longue chaîne de fraternité humaine … rien de plus.

Il faut aussi savoir rester humble. Les vrais héros sont ceux qui sauvent des vies au quotidien, chirurgiens, pompiers … quant à moi, je n’ai fait que me porter volontaire pour une noble cause et rester un Ambassadeur du don auprès de FRANCE ADOT en Corse.

Jean, septembre 2022