Greffe d’organes : hommage à mon donneur
Publié le : 17-07-2017
Un cœur pour moi
Début juillet 2015, 20h45 … L’hôpital vient de m’appeler, on me dit qu’on a un cœur pour moi …
Tu es alors décédé depuis quelques instants.
Sur le moment, je suis tellement désorientée que je n’y pense pas vraiment.
C’est après la sortie de l’hôpital que le contre coup est arrivé.
Je me questionnais beaucoup avant la greffe d’organes. Je me demandais comment j’allais réagir, comment j’allais vivre avec le cœur de quelqu’un d’autre ? D’un inconnu. D’un donneur dont la générosité est exceptionnelle.
Eh bien, je n’ai pas été un modèle de conduite. J’ai vécu pour deux, pour toi, et pour moi.
A mon premier rejet je m’en suis voulu, alors que ce n’était pas de ma faute.
Si je faisais une erreur dans mes médicaments, je pleurais. Je m’en voulais terriblement. Je ne me sentais pas, à ce moment précis, digne d’être receveuse. Pour moi, je te faisais du mal indirectement, je ne méritais pas ce cadeau précieux.
Et puis aussi, quand je me plaignais d’un effet secondaire de mes médicaments, je m’en voulais également. Pour moi, je n’avais plus jamais le droit de me plaindre. J’étais en vie ! Et c’était le plus important. Je n’avais pas le droit de me plaindre de ce cadeau que tu m’as offert, je n’avais pas le droit de me plaindre car moi j’ai cette chance inouïe d’être encore en vie, et que toi tu ne l’es plus.
Et puis, petit à petit, après plusieurs coups durs, j’ai réalisé que le rejet faisait partis du processus d’une greffe, et ce pour toute la durée de la greffe. Le rejet est normal. J’ai réalisé également que l’erreur était humaine, que je ne pouvais pas être parfaite 2 fois par jours, à 9h et 21h, 365 jours par an.
Puis j’ai accepté que le fait d’être greffée ne me rend pas invincible, les effets secondaires de mes anti-rejets me rendent fragile et c’est normal, au bout de deux ans, de me dire que finalement, j’ai le droit de me plaindre parce que ce n’est pas toujours facile.
Toi, mon donneur
Tu vois mon donneur, j’ai fait beaucoup de progrès. Je pense que tu peux être plus fier de moi. Je pense un peu plus à moi.
Mais sache une chose, ce n’est pas parce que je vis mieux ma greffe, que je t’oublie.
Non, je ne t’oublierai jamais. Tu m’as sauvé la vie, et je t’en serai éternellement reconnaissante. Je pense à toi, à ta famille, et à tous ceux qui t’aimaient. Je continuerai à te rendre hommage, et à te remercier.
Je fête mes 2 ans, toujours aussi émue. Sache qu’une bougie brûle en ton honneur, dans un petit ange, comme toi.
Des larmes coulent, mais c’est parce que je ne peux m’empêcher de penser à ta famille qui te pleure en ce moment, et à tout ce que j’ai vécu depuis.
Merci mon ange, merci 1000 fois de m’avoir sauvé, ma vie d’avant n’était plus une vie …
Mélanie, Juillet 2017