Femme de receveur, femme de donneur
Publié le : 23-07-2024
Un double témoignage anonyme. Entre la femme d’un receveur, et en retour la femme du donneur
Moi, femme de receveur
Voilà 5 ans bientôt que mon mari a reçu le don de vie grâce à la générosité de votre famille, qui a accepté de faire un don d’organes. En l’occurrence un cœur pour mon époux.
Vous avez fait preuve de courage, de force et d’humanisme pour redonner la vie à des inconnus, alors que vous perdiez un être cher.
Si depuis des années nous avions informé nos enfants de notre choix d’être donneurs, nous n’avions jamais imaginé être de l’autre côté, c’est-à-dire receveur.
Si pour mon mari cette situation a été acceptée à l’annonce du compte rendu médical, pour ma part cela a été une énorme remise en question. Certes, je n’avais pas changé de position sur le fait d’être donneuse, mais là il fallait attendre le décès de quelqu’un pour continuer à vivre. Le jour où le téléphone a sonné, c’est sans un mot que nous avons parcouru les 100 km qui nous séparaient de l’hôpital.
A quoi pensait-on ?
Pour ma part je ne cessais de remercier ces personnes qui déchirées par la perte d’un être cher allaient redonner vie à mon mari.
Mon époux ?
Je ne sais pas. Nous avons encore du mal à aborder le sujet. L’opération s’est bien déroulée. Pour mon mari le choc a été après. Durant 3 semaines toutes les larmes coulaient. Il a fallu une assistance psychologique.
Pour ma part, un médecin très à l’écoute m’a permis d’accepter différemment le fait de recevoir.
Nos remerciements et notre gratitude ne seront jamais à la hauteur du geste que vous avez fait pour nous. Vous nous avez donné une chance inouïe de poursuivre notre vie ensemble, dans de bonnes conditions, et cela nous vous en serons reconnaissants à jamais.
Avec ce nouvel organe représentant la vie, ils forment un binôme. Il fait partie intégrante de mon mari et nous en prenons soin.
Pourquoi cette lettre 5 ans après ? Je ne le sais pas moi-même. Plusieurs fois j’ai tenté de prendre la plume mais je n’ai jamais mené le projet à terme. Aujourd’hui à l’aube des cinq ans je tenais à le faire, au nom de nous deux, pour vous remercier d’avoir changé notre vie. Aujourd’hui tout va bien. Nous profitons des belles choses que la vie nous offre.
Nous vous adressons nos pensées les plus chaleureuses.
MERCI.
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Moi, femme du donneur
Quand le médecin est venu à mon chevet, j’étais complètement anéantie. En me tenant la main, il est resté plus d’une heure à mes côtés. Lorsque je lui ai dit que j’avais accepté de faire don des organes de mon mari, il m’a répondu : « vous avez fait un choix noble que vous ne regretterez pas ».
Dévastée par mon immense chagrin, je ne mesurai pas sur l’instant la teneur de ses paroles. C’est seulement quelques temps après que je me suis accrochée à l’idée que 4 petits bouts de mon mari (4 organes) continueraient à fonctionner et permettaient à 4 personnes de vivre, mais aussi à 4 familles d’être heureuses.
Du coup je me suis autorisée à écrire à chacun des receveurs, par l’intermédiaire du service de coordination des dons d’organes, en étant consciente de peut-être ne jamais avoir de retour.
Et voilà qu’à l’aube des 5 ans d’anniversaire du décès de mon mari, je reçois votre courrier : TANT D’EMOTIONS !!! MERCI.
J’adore dans votre courrier quand vous parlez de binôme.
Sachez qu’avec le temps, la douleur a laissé place à l’apaisement et aux souvenirs … Je m’accroche aux kilomètres de souvenirs que nous avons vécu ensemble. Cet amour si intense qui nous unissait demeure en moi à jamais éternel. « Le malheur de l’avoir perdu ne me fait pas oublier le Bonheur de l’avoir connu ».
C’est un être qui m’a rendu profondément heureuse, dont la trace reste en moi indélébile. Sachez que vous portez le cœur d’un très belle personne … Puisque la vie en a décidé ainsi, profitez des belles choses que la vie vous offre ! J’aime à croire que ce binôme vivra longtemps et même encore très longtemps !
SOYEZ HEUREUX !
Sa femme qui l’Aime pour l’éternité.