Fédération des Associations pour le Don d'Organes et de Tissus humains

Don d’organes ? Donner, recevoir …

Publié le : 06-12-2018

Donner pour ne pas s’arrêter, recevoir pour continuer sur le chemin de la vie

Le don d’organes ? J’y ai été confrontée à plusieurs reprises et des deux manières possibles. L’un de mes parents a bénéficié de plusieurs greffes ; l’autre a donné ses organes.

Dans le premier cas, j’étais jeune et inquiète bien sûr. Que la greffe ne fonctionne pas, que mon père finisse aveugle. Et puis, le jour de l’opération, j’ai vu le visage de mon père, concentré. Je ne crois pas qu’il ait eu peur. Il avait confiance en l’équipe médicale. Mais il pensait, reconnaissant (le mot est sans doute trop faible), à cette personne décédée qui lui faisait ce don incroyable. Un don de soi, comme il n’en existe aucun autre. Et à sa famille qui, en ce moment tragique, terrible, avait donné son accord.
Et puis il y a eu la sortie de l’hôpital, l’angoisse que la greffe n’ait pas pris, la convalescence et enfin, voir son père revivre, savoir qu’il pourrait poursuivre son existence de manière autonome, libre de la mener comme il l’entendrait. Une deuxième jeunesse ? Une nouvelle vie ? Que peut-on ressentir dans ces cas-là ? Lui seul pourrait vous le dire.

 Quelques années plus tard, ma mère est décédée brutalement. Quand les médecins nous ont annoncé « mort cérébrale« , je savais qu’ils allaient nous poser la question. Évoquer le don d’organes. La réponse était évidente. Car nous en avions parlé entre nous. Nous savions ce que chacun de nous répondrait si la situation devait se présenter.

Mais je n’étais aucunement préparée à la suite. Je n’avais pas imaginé vivre de nouveau, différemment, l’angoisse que la greffe ne prenne pas. Pas tant pour que l’être que j’avais aimé continue à vivre à travers un autre. Même si évidemment je ne pouvais m’empêcher de penser que si la ou les greffes ne prenaient pas, alors ce serait comme si ma mère mourrait une seconde fois. Mais c’était une angoisse inattendue, celle d’avoir donné de faux espoirs à une famille sur le point de perdre un enfant, un père, une mère, un neveu, une nièce…  L’angoisse que d’autres aient à vivre ce qui était en train de m’anéantir.

Et puis, le jour de l’enterrement, entendre que les greffes ont toutes réussi. Le soulagement, malgré la douleur. Commence un nouveau chemin : apprendre à laisser ces destins continuer sans vous. Lâcher prise.

Le don d’organes ? Dites-le à vos proches

Le don d’organes a lieu, la plupart du temps, dans des situations de mort violente. Quand le cerveau lâche avant le cœur. Quand on ne s’y attend pas. Est-on alors aptes à prendre la décision qu’il faut ?

Peu importe le choix qui sera le vôtre concernant votre corps. Il n’y a pas de jugement à porter. Mais parlez-en à vos proches. Vous les libérerez du poids à devoir répondre à votre place quand on leur demandera de témoigner que certains de vos organes soient prélevés. Ma mère a eu la générosité de nous libérer de ce poids. Je lui en serai éternellement reconnaissante. Elle continue de vivre en nous désormais.

Sandrine (prénom d’emprunt)