Pompier et greffé de moelle osseuse
Publié le : 25-10-2020
Pompier professionnel et fatigue subite
Fin 2009, je voulais préparer une grosse saison de vélo. Je me suis senti fatigué, avec un peu de mal à respirer. Mais l’arrivée de notre fils, qui dormait peu, pouvait expliquer la chose.
Rendez-vous chez mon médecin traitant. Prise de sang normale mais tâche observée sur la radio pulmonaire. Pas d’affolement à avoir selon le radiologue qui me prescrit une échographie.
Des difficultés respiratoires de plus en plus importantes allant de pair avec la fatigue. Confirmation d’une tumeur de 4 cm en plein milieu du thorax ! S’en suit une biopsie par précaution, mais les médecins se veulent rassurants.
La douche froide
Hélas, à partir de là je vais vivre un vrai calvaire. Les gardes s’enchaînent (je suis Sapeur-Pompier Professionnel), la fatigue empire et que dire des difficultés respiratoires… !
Le 29 Janvier le téléphone sonne et ce que je redoutais le plus tombe : lymphome lymphoblastique à un stade avancé. Une tumeur de 12 cm par 18 qui nécessite une prise en charge ultra rapide.
Direction Lyon Sud où je découvre l’autre côté du médical. Un personnel hors norme à qui je tire mon chapeau. Ma nouvelle famille pour 2 ans.
1er entretien très cash qui nous change des discours rassurants des précédents : 3 mois à vivre si le traitement ne marche pas.
Étant donné ma bonne condition physique et mon jeune âge
(26 ans), je me vois proposer un essai clinique que mon épouse et moi nous
acceptons sans hésitation.
Je découvre les effets de la chimio, véritable poison qui tue les cellules
cancéreuses mais pas que …
Après 3 mois de traitement, je « chambre » le personnel
médical : certes 10 kg en moins mais toujours vivant !
Une greffe de moelle osseuse
Donneur de sang, de plaquette, de plasma depuis mes 18 ans, j’apprends que j’ai besoin d’une greffe de moelle osseuse. J’en découvre l’existence !
Mes 2 frères n’étant pas compatibles, je suis inscris sur le registre national. Ouh là, 1 chance sur 1 million d’être compatibles entre deux personnes prises au hasard ?
Et bien si, nous allons gagner au loto !
Le 08 juin, après 6 mois de chimios intensives, des mois en chambre stérile, avoir vu notre fils apprendre à marcher dans les couloirs du service hémato, nous contemplons, ma femme et moi, cette petite poche de sang qui s’écoule dans mes veines.
La greffe sera difficile. L’envie de lâcher prise. Le personnel soignant est là pour me « botter le cul », la famille, les amis. Ma femme et notre fils me boostent. On se bat, on pleure, on souffre ensemble pour voir petit à petit le groupe sanguin changer, la fatigue diminuer, la chambre stérile s’ouvrir.
Au 1er anniversaire de la greffe et de gros efforts pour reprendre un physique, je remonte dans un camion rouge. Je reprends le vélo, avec 2 belles victoires que j’avais promis au Service médical.
Suivra la naissance de notre second fils, la reprise d’une vie à peu près normale. Avec toujours les démons de la maladie qui me réveillent la nuit, se rappellent à nous lors de nos demandes de prêts immobiliers…
Tous les jours j’ai une petite pensée pour cette donneuse que je considère comme ma petite sœur et qui, par son geste, a sauvé non pas une vie mais une famille.
Fabien MESSON (FRANCE ADOT 01)