Maman d’un receveur, femme de donneur, donneuse de mon vivant
Publié le : 10-06-2020
Mon fils et sa greffe de rein
Adolescente, j’ai été sensibilisée au don et à la greffe d’organes par un oncle, greffé d’un rein suite à la maladie de Berger. A cette époque, dans les années 80, il n’y avait pas internet. Je n’avais pas eu beaucoup de renseignements et j’étais restée avec de nombreux questionnements.
Les années ont passé, j’ai rencontré mon mari et nous avons eu des enfants. En 1997, mon fils est tombé malade. Il avait à peine 2 ans ½. Après beaucoup d’examens, nous avons découvert qu’il avait une maladie auto-immune qui détruisait ses reins progressivement. Malgré les traitements dont la cortisone à forte dose, sa fonction rénale s’est dégradée au fur et à mesure, ses reins ne fonctionnaient plus et il a commencé les dialyses fin février 2000.
Il a été greffé en avril 2000, à 5 ans ½. Sa vie grâce à ce don a repris un cours normal. Il a pu faire du sport et commencé ses études.
En 2014, sa fonction rénale s’est détériorée. Février 2015, il a dû être opéré en urgence car son greffon cassait ses globules rouges et il risquait un malaise cardiaque. Il a recommencé les dialyses à l’hôpital Bretonneau à Tours.
Femme de donneur
Fin mars 2015, mon mari a fait un AVC ischémique et s’est retrouvé, après une opération de la dernière chance, en état de mort encéphalique à l’hôpital St Anne à Paris. Nous avions beaucoup discuté tout au long de ces années et nous étions pour le don d’organes, une évidence pour chacun d’entre nous. Nous avons respecté les volontés. Je n’ai émis aucune restriction et j’ai autorisé le maximum de prélèvement, les organes mais aussi la cornée, la peau et les os. Mon fils ayant bénéficié de ce cadeau de la vie, il m’a paru normal que d’autres aient aussi la même possibilité, pour que la vie perdure au-delà de la mort.
Donneuse de mon vivant
Les mois ont passés, mon fils fin 2015 était toujours en dialyse. Il avait été remis sur la liste d’attente pour une greffe, avec le souci des anticorps pour la deuxième. Après plusieurs mois de réflexion, il a accepté que je lui donne un de mes reins. J’ai débuté les examens, tout allait bien. Je suis passée devant une commission de santé en mai ainsi que devant le président du tribunal de Grande Instance de Chartres. Mon don du vivant a pu avoir lieu le 14 juin 2016, après seize mois de dialyse. Nous allons bien tous les deux.
Parler de greffe est simple, parler du don d’organes reste compliqué. Pourtant derrière chaque greffe, il y a un don ! Pas de don, pas de greffe ! C’est une longue chaîne, positive d’un côté, la vie, de l’autre négative, la mort. Nous sommes tous les maillons de cette belle chaine. Pour avoir été des deux côtés et parce que nous ne savons pas ce que nous réserve la vie, je sais et c’est une évidence pour moi : le don d’organes est un don du cœur, solidaire et généreux.
Marie Laure maman d’un receveur, femme de donneur et donneuse de mon vivant