Greffe de rein à la place de la rate : une 1ère en Italie
Publié le : 19-12-2016
Rein et fonction rénale
Le rôle du rein est de filtrer le sang artériel pour éliminer les toxines qu’il contient.
Pour se faire, le sang passe dans les néphrons (des « extracteurs ») chargés d’éliminer les toxines et l’eau en excès. C’est ce mélange qui compose l’urine. L’urine récoltée dans le bassinet, sort du rein par l’uretère qui, à son tour se jette dans la vessie.
Le sang une fois purifié repart dans la circulation par les veines rénales.
La filtration rénale est d’environ 180 litres par jour.
Un rein humain pèse en moyenne de 100 à 150 g, il mesure 12cm de haut, 6cm de large et 3cm d’épaisseur.
Les vaisseaux, l’un afférent (l’artère rénale) et l’autre efférent (la veine rénale) ainsi que l’uretère sont groupés en un pédicule. On pourrait comparer le pédicule à la tige d’un fruit.
Les débuts de la greffe de rein
En 1906 Mathieu JABOULAY, chirurgien à l’Hôtel-Dieu de Lyon, réalise la première transplantation homme-porc. La patiente (qui avait tenté de se suicider par des sels de mercure) décède très rapidement.
En 1952 Jean HAMBURGER (le père de Michel Berger), chirurgien à l’hôpital Necker à Paris, réalise la première transplantation homme-homme. Le rejet survient après 3 semaines.
En 1954 Joseph MURRAY à Boston obtient le premier succès thérapeutique en réalisant une transplantation entre 2 vrais jumeaux.
La technique chirurgicale de la greffe de rein
Le travail d’un chirurgien au cours d’une transplantation rénale consiste à « connecter » les vaisseaux et l’uretère du greffon au receveur.
Mathieu JABOULAY, ayant le souci de faciliter l’intervention, a greffé le rein de porc aux vaisseaux du pli du coude.
En transplantation rénale humaine, afin de faciliter l’intervention (donc d’alléger les suites), le rein du donneur est implanté au niveau du bas ventre, dans la fosse iliaque. Les vaisseaux du pédicule rénal sont respectivement anastomosés à l’artère et à la veine iliaque, qui sont les vaisseaux les plus proches. Pour la voie urinaire, l’uretère est relié directement à la vessie.
Aujourd’hui l’intervention se réalise de plus en plus souvent sous laparoscopie, grâce à l’utilisation d’une micro-caméra.
Lorsqu’il faut utiliser 2 reins chez le même patient (cas où la fonction rénale d’un seul rein ne suffit pas à assurer une filtration suffisante), pour une question de place, les reins peuvent être transplantés en lieu et place des organes défectueux, c’est à dire de chaque côté de la colonne vertébrale, en arrière du péritoine.
L’intervention est plus délicate.
La greffe du rein à la place de la rate
Une équipe italienne de Turin a annoncé le mercredi 14 décembre 2016, avoir réalisé une greffe de rein chez une fillette en lieu et place de sa rate.
Cette intervention est encore plus complexe, car même si la rate humaine pèse en moyenne 200 g et qu’elle a approximativement le même volume que le rein, même si elle est vascularisée par une artère et une veine (donc un pédicule), elle est située assez profondément dans le flanc gauche, en regard de la 10ème côte.
Pour mémoire, la rate intervient dans l’immunité et sert de cimetière des globules rouges. On peut vivre sans rate.
Le choix de l’équipe italienne est justifié par une malformation très rare des vaisseaux sanguins de cette fillette, ayant abouti à l’échec d’une première transplantation tentée en 2014.
Nous saluons la pugnacité de l’équipe chirurgicale de Turin et, souhaitons tous nos vœux à cette jeune greffée et à sa famille.
Docteur Michel CORNIGLION, décembre 2016