La carte d’ambassadeur du don d’organes de France ADOT : est-elle légale ? déconseillée ? nécessaire ? utile ? on vous dit tout !
Dès son origine en 1969, FRANCE ADOT a délivré des cartes de donneur aux Français qui le souhaitaient. Il s’agissait déjà de « prendre position, de faire connaitre sa position à ses proches et de connaitre la position de ses proches ». La loi Caillavet (dite « du consentement présumé »), votée seulement le 31 décembre 1976, n’avait pas ensuite résolu l’ambiguïté quant à l’obtention des volontés du donneur. Les institutionnels ont ensuite proposé aussi une carte de donneur.
En 2017, le renforcement du consentement présumé a incité les institutionnels à ne plus diffuser leur carte, afin de faire bien comprendre au public que comme « nous sommes tous donneurs », mieux valait se concentrer sur l’importance de se déclarer « non donneur » dans le cas où on ne souhaitait pas faire don de nos organes. Et pour les autres de privilégier la formule « … je ne suis pas opposé au don de mes organes … ».
Dans ce contexte, FRANCE ADOT a remplacé sa carte de donneur d’organes par une « carte d’ambassadeur du don d’organes ». Le détenteur de cette carte affiche sa position de donneur d’organes, en informe ses proches et ne manque aucune occasion de promouvoir le don. Voir A propos de la carte d’ambassadeur de FRANCE ADOT
Quelques idées reçues et véhiculées
1 – Nous sommes tous donneurs d’organes … plus besoin de carte de donneur !
France ADOT relaie, avec conviction, sa carte d’ambassadeur du don d’organes. Au même titre que la nouvelle « appli du don d’organes », ou de toute autre formulation équivalente, elle est un moyen efficace de parler du don d’organes et de faire connaitre sa position à ses proches. Dire « Je suis donneur d’organes » n’est pas une offense à la loi, mais plutôt un sacré coup de main ! Et quoi qu’on puisse en dire, dans le dialogue familial ou entre amis, la spontanéité n’amène jamais à dire « … je ne suis pas opposé au don de mes organes… ». Cà laisserait au contraire un certain doute.
La carte reste plus que jamais le document attestant de notre réflexion ayant débouché sur un Oui à la vie. Imaginez l’embarras de l’officier d’état civil face à un futur marié, qui à la question « voulez-prendre pour… » viendrait, en guise de consentement, à lui répondre « je ne dis pas non ».
2 – Les porteurs de la carte de donneur (d’ambassadeur) n’en parlent pas à leurs proches !
Ce n’est pas ce que les bénévoles de France ADOT constatent sur le terrain !
Plusieurs enquêtes en témoignent :
- Enquête RECHERCHE et SOLIDARITES 2007 :
74% des porteurs de carte ont reparlé du don d’organes en famille, 53% entre amis et 29% entre collègues. Ils en ont reparlé, pour faire respecter leur volonté (52%) et pour déresponsabiliser leurs proches au moment du décès (44%). - Enquête RECHERCHE et SOLIDARITES 2009 :
Plus de 90% des porteurs de carte France ADOT ont indiqué leur position à leurs proches. Seuls 20% à 37% n’en parleront jamais.
- Enquête France ADOT 2013 :
Trois chercheuses spécialistes de l’étude des comportements ont réalisé pour FRANCE ADOT une enquête sur l’angle du respect ou du non-respect par les proches de la volonté des personnes favorables au don. Près de 90 % (porteurs de carte ou d’un papier) indiquent avoir discuté avec les personnes les plus impliquées dans la décision, et font confiance dans le respect de leur volonté.
3 – Un tour d’horizon sur l’opinion des Français … depuis 1992
D’un sondage à l’autre, d’une enquête à l’autre
4 – Je suis trop vieux pour donner mes organes !
Jeune ou âgé, malade ou en bonne santé,
Il n’existe aucune contre-indication de principe au don d’organes et de tissus !
Même « senior » on peut être donneur d’organes.
La preuve : 40,9 % des donneurs en état de mort encéphalique prélevés en 2019 avaient plus de 65 ans. Une personne de 96 ans a sauvé une vie en donnant son foie, 18 donneurs de rein avaient plus de 90 ans ! Ajoutons que des centenaires ont pu donner leurs cornées
C’était le sens de la campagne de l’agence de la biomédecine qui s’adressait en mai 2021 aux « seniors » en leur rappelant que, s’ils « n’étaient plus tout à fait jeunes« , ils pouvaient encore donner leurs organes. Et pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté, mieux valait qu’ils y réfléchissent et en parlent à leurs proches. Car serait dommage en effet que leur volonté ne soit pas respectée …
Largement relayée par France ADOT, cette campagne « Trop vieux moi ? Jamais ! » avait alors recueilli un très large écho.
5 – L’indispensable sensibilisation sur le rôle des proches
Les campagnes de communication, les informations sur nos stands, les moyens d’expression officiels mis à disposition, s’adressent majoritairement au citoyen pour lui-même. C’est toujours nécessaire et cela porte ses fruits puisque tous les sondages montrent que les Français sont, approximativement, à 85% pour le don d’organes post-mortem !
Mais dans le même temps le taux de refus stagne à 33%, voire 35 % en 2023. A la source du surplus de refus, des proches qui, dans le cataclysme de l’accident de l’un des leurs, expriment l’intensité de leur désarroi plutôt que la position du disparu. Mais dans 65 % des cas c’est un OUI généreux qui l’emporte : il nous faut saluer, ici, le magnifique courage des membres de la famille.
La campagne de France ADOT, initiée en juin 2023 et relancée en octobre, consistait à sensibiliser et responsabiliser de nouveau le citoyen dans cette hypothétique (et somme toute peu probable !) position de proche.
Elle visait surtout à dédramatiser ce rôle de proche.
Elle introduit un nouveau slogan qui doit retenir toute notre attention :
Savoir pour les siens, ça change tout !
6 – Quelques vidéos pour faire réfléchir …
- Pour les jeunes, Alors, on en parle ?
- Même une enflure peut sauver une vie