Nadine a témoigné de la volonté de son fils de faire don de ses organes. Elle raconte aujourd’hui et incite chacun à en parler avant qu’il ne soit trop tard
Je m’appelle Nadine, je suis mariée avec Jean-Michel depuis 43 ans. Nous avons 3 enfants, Cédric, Elodie et Anaïs.
Cédric était pompier à la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris depuis 14 ans. Il était aussi volontaire depuis 17 ans, d’abord à Chauny puis à Goussainville. Il avait 35 ans. Il était fier et passionné par ses engagements.
Un matin en se rendant à sa caserne du 93 pour sa garde, 5’, 5 petites minutes. Mais son destin était là lui aussi, sur son chemin. Cédric a eu un accident de moto. Il était en arrêt cardio-respiratoire suite au choc.
« Par chance » un témoin qui rentrait de son travail a prodigué un massage cardiaque. Je l’en ai remercié par la suite car grâce à lui, nos vies ont pu prendre une direction plus acceptable que cet abîme qui nous engloutissait.
Après l’intervention des collègues de Cédric, il a été transporté à l’hôpital militaire de Clamart.
A ce moment là, nous dormions. S’en est suivi l’appel téléphonique, l’annonce d’un accident très très grave, la route vers Paris… Puis l’annonce brutale, le diagnostic. Peu importe les mots, posés et pleins de compassions, c’est toujours un instant brutal pour les proches.
Un OUI franc et massif
Quand la question fût posée, c’est sans aucune hésitation que j’ai pu prononcer le fameux OUI, à la surprise de mon mari et de ma cadette présente. Je ne sais plus depuis combien de temps j’étais en faveur du don d’organes et étant aide-soignante, mon fils pompier, nous en avions parlé, un jour, s’en imaginer notre futur. Ensuite c’est un échange avec nos filles qui ont confirmé le souhait de Cédric, son don d’organes et de tissus.
Mon sentiment, à partir de ce moment, a été un apaisement. Cédric ne va pas disparaitre, partir en fumée, s’évaporer. Il offre à des inconnus ce qu’il avait de plus précieux.
Savoir pour ses proches, ça change tout !
Grâce au fait qu’on en avait parlé, que je connaissais sa position, c’est aujourd’hui 4 personnes qui, soit vivent tout simplement, ou vivent mieux. Je pense à ces 4 familles qui ont retrouvé un équilibre ou une nouvelle vie. Et ça c’est un peu mon bonheur à moi aussi.
Un an et demi après le départ de Cédric, j’ai rejoint l’association ADOT de mon département. Je voudrais tellement sensibiliser les personnes face à un tel dilemme, « je vois partir un être aimé et je devrais accepter qu’un inconnu vive grâce à lui ? ».
Effectivement le don d’organes et de tissus c’est cela, penser à ceux que l’on va aider par notre oui. Mon implication dans ce combat, je le ressens comme mon bâton de résilience. Depuis j’ai progressé dans mes témoignages.
Faire savoir à vos proches votre position, c’est les soulager d’une décision qui pourrait peser sur leur conscience. Votre position de refus, ils la respecteront, et votre position d’un oui, ce sera plus facile pour eux de donner à travers eux, votre accord.
Et s’ils ne peuvent pas faire face à cette violence de l’annonce et qu’ils refusent votre souhait, personne n’a le droit de les juger.
Mon fils, notre fils, leur frère nous manque tellement. Mais ces mots ont pour moi une importance capitale :
Don d’organes, don d’amour, don de vie
Nadine, octobre 2024
France ADOT 02