Emmanuel VITRIA et sa greffe du cœur
Il y a juste cinquante ans, le 27 novembre 1968, le marseillais Emmanuel VITRIA bénéficiait d’une greffe du cœur. Il devenait ainsi le troisième patient Français à Revivre grâce à un généreux don d’organes, et grâce aux pionniers de la chirurgie cardiaque.
Pendant 18 ans et demi Emmanuel a tenu, malgré lui, les devants de la scène en apportant sans compter son témoignage devant les médias du monde entier. Au quotidien il fut un ambassadeur du don d’organes et du don du sang en sensibilisant ses concitoyens sur le terrain, lors des collectes.
6 738 jours d’une nouvelle vie tournée vers les autres ! Personne n’a jamais su dire à quoi était due une si grande longévité en cette époque ou les médicaments anti-rejets n’étaient pas encore tous découverts.
Le long du vieux port il se murmurait parfois que la « Bonne Mère » y aurait mis du sien …
Il faut dire qu’au seuil du bloc opératoire, Josette, l’épouse d’Emmanuel (à gauche sur la photo ci-dessous), croyait fort au destin :
– « … Les médecins ils vont faire tout ce qu’il faut. Tout ce qu’il faut et même d’avantage. Davantage ? C’est déjà toujours ce qu’ils font ».
– « … Je n’arrive pas bien à expliquer pourquoi j’ai confiance ».
– « Quand on l’a rasé j’ai retiré la chaine et la médaille de Bicou, celle de la Bonne Mère, la sainte vierge de Notre Dame de la Garde. Que la Bonne Mère ne le perde pas de vue, qu’elle me le renvoie. Ce serait bien si elle pouvait faire un petit quelque chose, une petite faveur pour mon Bicou. Sa médaille, il l’a toujours portée, alors pour une fois qu’il l’a pose qu’elle s’arrange pour la lui remettre et qu’il l’a porte encore longtemps ».
De son côté, dès qu’il lui fut possible, Emmanuel VITRIA n’a pas manqué de gravir la colline emblématique :
– « Bonne Mère, Bonne Mère, comment vais-je m’y prendre pour faire savoir qu’autant que je vivrai, jamais je n’oublierai ce que ce jeune homme et ses parents ont fait pour moi. Je devrais être mort et pourtant je vais, je viens, je pense, je parle ».
– « Je dis merci… Ce n’est pas une prière, plutôt un remerciement… ».
– « Elle doit comprendre la Bonne Mère, se rendre compte de ce que je veux dire… Je voudrais lui demander que cette famille ne pleure pas trop parce que leur fils n’est pas tout à fait mort ».
– « Vous ferez, Bonne Mère, tout comme vous voudrez, mais si je vis encore un peu, ce sera, autant de temps que leur fils, seulement par son cœur… un peu… je le prolonge. Ainsi soit-il ».
Pierre NOIR
Vice-président FRANCE ADOT
Nb : les citations sont extraites du livre d’Emmanuel VITRIA « Je vis avec le cœur d’un autre » – Presses-Pocket – 1975