Un accident
A Cairanne (Vaucluse) le 21 juillet 2017, un avignonnais de 32 ans, Abdelkarim est en train de remodeler de la tôle lorsque son gant de travail se coince dans les rouages de la machine.
« J’ai entendu un bruit mais je n’ai pas réagi durant les 2 à 3 premières secondes« , raconte le blessé. « J’ai même eu le temps d’arrêter la machine« .
Sidéré, l’homme ne réalise pas tout de suite qu’il a perdu son membre. Son avant-bras gauche était arraché, et là « tout est venu, l’horreur, la douleur, les cris, la panique« , raconte-t-il.
Une prise en charge efficace
– 9H00 : le sang froid de ses camarades, qui ont eu la présence d’esprit de préserver le bras arraché, de l’entourer d’un linge et de le placer dans de la glace (ce qui évite les engelures) ; son responsable enlève sa ceinture et lui promulgue un garrot pour arrêter le flot de sang.
– 9H30 : le SAMU arrive vite sur zone, récupère le blessé, transfère l’avant bras dans un kit de glace, direction l’Hôpital La Timone à Marseille, au service de chirurgie de la main du Pr Régis LEGRE.
« Là se met en place une course contre la montre« , explique le Dr André GAY, spécialisé des traumatismes graves des membres, l’un des rares en France à pratiquer des réimplantations de mains, de bras et de pieds. « Très peu d’interventions de ce type, une fois tous les 4 ans environ ; pour revasculariser on a parfois 4 heures entre l’accident et l’intervention, ce qui est l’équivalent d’une greffe de cœur, sauf que nous n’avons que quelques minutes pour nous coordonner« , précise le Dr André GAY. « La priorité est de refaire circuler le plus vite possible le sang dans le bras« .
– 12H30 : début de la chirurgie :
1ère étape : rattacher les os grâce à des plaques et des vis.
2ème étape : le travail au microscope pour recoudre deux artères, pour que la revascularisation s’opère.
3ème étape : le défi de refaire fonctionner la main par sutures des nerfs, tendons ; travail long, fastidieux qui donnera toute chance de retrouver la sensibilité du bras et un bon fonctionnement des articulations. « Malgré toute la dextérité, la rapidité de tous les acteurs dans cette chaine de réimplantation, le membre réimplanté ne retrouvera pas toutes ses fonctions initiales« , détaille le chirurgien. « Il aura fallu raccourcir d’environ 2 cm le bras pour retirer les tissus détruits par l’amputation« .
– 18H30 : Abdelkarim se réveille avec tous ses membres. « En touchant, j’ai pensé à un miracle« , admet-il, choqué et fatigué.
Une lourde phase de rééducation
« On est complètement dans le flou« , explique le chirurgien marseillais. « Pour avoir une idée de la récupération globale, il faudra attendre entre 3 et 6 mois » (un nerf repousse de 1 mm/jour).
En attendant d’en savoir plus sur la fonctionnalité de son bras, Abdelkarim devra passer par une lourde phase de rééducation pour espérer minimiser les séquelles de cette greffe de tissus composites complexe.
« Il est toujours mieux d’avoir une main, même peu fonctionnelle, que pas du tout. C’est pour cela qu’on réimplante« , explique le Dr GAY.
Sources presse diverses, Juillet 2017.