Comment un « accident de la vie » peut transformer un événement heureux, une naissance, en galère, puis heureusement en greffe du foie.
La greffe quand on ne l’attend pas…
Alors que je venais de donner la vie, j’ai failli la perdre.
En février 2008, j’ai accouché de Martin, notre troisième enfant. Une grossesse normale qui pourtant a débouché dans l’heure qui a suivi mon accouchement sur des complications rarissimes : Hellp syndrome sous capsulaire du foie… Je suis en état d’hémorragie très grave.
Après une première intervention au Centre Hospitalier de Saint-Brieuc et un transfert en hélicoptère vers le CHU de Rennes, je serai opérée 7 fois en vain.
Inscrite en super urgence, je serai finalement transplantée au bout d’une semaine. Placée dans un coma artificiel, c’est seulement 11 jours plus tard que je me suis réveillée. Je ne me souvenais d’abord plus que j’avais accouché, je ne savais pas où j’étais et n’avais pas non plus conscience des moments d’angoisse qui avaient été vécus par mes proches durant ces deux semaines… Je voulais juste rentrer à la maison retrouver les enfants… Progressivement l’équipe médicale et ma famille m’ont expliqué ce qui s’était passé.
Plusieurs semaines de réanimation, suivies d’un séjour plus classique d’éducation thérapeutique, ont été nécessaires avant que je rentre. Le challenge était aussi bien physique que mental. Alors que depuis des mois nous nous préparions à un événement heureux, nous avons vécu des moments très difficiles.
Cette greffe à laquelle évidemment je n’étais pas préparée, a d’emblée été synonyme de chance… Sans elle je ne serai plus là. Je vis ou je revis grâce à cette personne, cette famille qui a accepté le prélèvement. Dans tous les petits bonheurs du quotidien, j’associe une pensée pour eux qui font un peu partie de moi. Alors que nous avons la chance de poursuivre notre chemin tous les cinq, je pense à cette famille chez qui il y un grand vide et je leur dit merci. Merci de redonner la vie !
Aujourd’hui, deux ans et demi après, je ne m’estime pas malade, mes bilans de santé s’espacent et la prise quotidienne de mon traitement antirejet n’est pas contraignante. J’ai repris mon activité professionnelle à temps complet, je fais du sport, j’essaie d’avoir une hygiène de vie stricte et je vis pleinement les plaisirs simples du quotidien.
J’ai toujours été militante et désormais chaque fois que l’occasion se présente, je parle volontiers de mon histoire en espérant susciter des échanges et un positionnement en faveur du don d’organe. C’est pour moi un juste retour de l’inestimable don que j’ai reçu.
Edith Merrant, 36 ans