Christian, greffé du cœur en 2002, nous fait part de ses réflexions sur sa relation avec « l’Autre ».
La Maladie s’est installée de façon soudaine, avec une force exceptionnelle, de la nature de celles qu’on n’imagine pas. Tout se passe comme si le passé et même le présent n’avaient plus aucune importance. Existent-ils d’ailleurs ? Seul l’avenir compte désormais et cet avenir a désormais une nouvelle dimension : il a une durée.
Celle-ci n’est pas volontairement quantifiée. Elle a par contre une fin qui, elle, est inévitable, inéluctable. Chaque instant qui passe est défalqué de ce délai de vie qui reste accordé.
Malgré toutes les possibilités offertes par la médecine, malgré les forces intérieures insoupçonnées, malgré la volonté et l’âpreté, malgré la ténacité, malgré les défenses opposées à la peur, malgré tout ce qu’on peut mettre en œuvre, rien ne pourra s’opposer et résister à une défaite annoncée. Le mot « espoir » a alors, lui aussi, une limite supérieure qui est maintenant à portée de main. Pour la première fois, le mot « fin » apparaît dans le générique de la vie. Le verbe « finir » se conjugue au futur immédiat et ne concerne qu’un pronom personnel. « Je vais finir » est une sentence qui résonne, manière pudique de dire « Je vais mourir ».