Naissance mouvementée…
L’hôpital a été ma seconde maison dès mes premiers jours… Une maladie génétique décelée lors de ma naissance m’a compliqué l’existence et celle de mon entourage. Et cela durant des années avant de me laisser à peu près tranquille pendant mes études, si ce n’est un suivi régulier. Malheureusement de nouveaux soucis de santé ont révélé un dysfonctionnement de mon foie. Dans un premier temps, les médecins avaient estimé cette greffe nécessaire « d’ici quelques années ». C’était sans doute trop demander à la vie. Mon état s’est dégradé plus vite que prévu et l’inscription sur la liste d’attente a été déclenchée. Je pense qu’à ce moment précis, je n’ai pas vraiment réalisé ce qu’il se passait ni ce qui m’attendait.
Bilan pré greffe
Vint alors le temps des premiers examens au Centre Hépato-Biliaire de l’hôpital Paul Brousse. Puis la rencontre avec cette équipe soignante formidable… Leur bienveillance et leur optimisme m’ont permis d’avancer dans le processus sans vraiment m’inquiéter. Je me suis vraiment posée des questions lorsque j’ai commencé à souffrir physiquement malgré les antis-douleur prescrits par le médecin. Ne plus pouvoir m’alimenter normalement, la fatigue entrainée par le moindre effort, m’ont fait comprendre qu’il n’était plus question de choix. Il fallait foncer, j’avais besoin d’un greffon !
L’attente
Dès lors je n’ai plus quitté mon téléphone et j’imaginais régulièrement ma vie d’avant, cette vie tellement plus facile que je souhaitais absolument retrouver. Difficile de dormir sur ses deux oreilles quand on a peur de ne pas entendre la sonnerie du téléphone. Ma valise était prête depuis mon inscription en liste d’attente, il ne manquait plus que ce fameux « OUI ». Celui d’un donneur, d’une famille pourtant endeuillée qui aurait, malgré tout, la présence d’esprit d’être généreuse. Mieux encore, l’accord d’une famille qui aurait déjà abordé ce difficile sujet. Celui du don d’organes, du don de soi, ce pouvoir de faire renaître des anonymes en souffrance malgré sa propre disparition.
Jour J !
Je ne l’attendais pas ce jour-là… ce soir de début janvier 2014. Le silence pesant qui régnait derrière la voix de l’infirmière de coordination m’a fait réaliser l’importance de cet appel avant même qu’elle ait parlé. Les choses se sont enchainées … le trajet vers l’hôpital, l’arrivée dans le service, la préparation et surtout la confirmation via cette petite phrase savoureuse « Le greffon est très beau, on y va ! ».
Après la greffe…
Les étapes qui ont suivi la transplantation n’ont pas été de tout repos, mais peu importe. Cette chance inespérée d’avoir été sauvée m’a aidé à mettre de côté les souffrances physiques et morales que ces moments ont entraînées. Ces épreuves m’ont également permis de rencontrer à nouveau des gens formidables qui se démènent au quotidien pour le confort de leurs patients. Mais aussi d’autres personnes greffées que je n’aurais peut-être pas côtoyées si mon parcours de vie avait été différent. Ces rencontres sont des moments riches, des privilèges qui me font réaliser la chance que j’ai, que NOUS avons, nous personnes greffées, d’avoir pu bénéficier de ce cadeau inoubliable. C’est un trésor avec lequel nous espérons vivre jusqu’au bout. Il n’existe pas de mot assez puissant pour remercier mon donneur et sa famille. Si, en prenant soin de mon greffon et en profitant au maximum de la vie tout en portant les valeurs du don d’organes.
Une renaissance !
Pour toutes ces raisons j’ai décidé de faire du sport après ma greffe. Mon premier défi ? Me mettre à la course à pieds et participer à une compétition, pour rendre hommage à mon donneur et à sa famille. Chaque ligne d’arrivée franchie, chaque défi réalisé sont des clins d’œil à mon donneur et au don d’organes. Nous sommes désormais deux : mon greffon et moi. Nous nous soutenons dans l’effort. En courant, je garde à l’esprit les souffrances endurées par cette famille. Je me remémore ces moments où je me sentais prisonnière et incapable de faire les choses seule dans mon lit d’hôpital.
Je suis maintenant « réparée » car greffée et donc libre de chacun de mes mouvements. J’ai eu 40 ans cette année et depuis 6 ans, j’ai la chance de continuer à exercer le métier dont j’ai tant rêvé : professeur des écoles. Ma vie ne sera plus jamais la même. Elle ne sera que plus belle, plus riche, plus douce grâce à ce geste généreux et solidaire qu’est le don.
Je suis née une seconde fois, ma deuxième vie a commencé en janvier 2014
En célébrant mon « annigreffe » chaque année, je célèbre mon donneur, sa famille et plus généralement :
le don d’organes !
Aurélie, ADOT60