Christophe MACHON nous parle de sa passion de voler, même après avoir subi une greffe de rein
« J’ai refait tous les calculs, notre idée est irréalisable… Il ne nous reste plus qu’une seule chose à faire : la réaliser ». Voilà ce que disait à son équipe, en 1918, Pierre-Georges LATECOERE, le créateur de ce qui allait devenir la mythique ligne aérienne de l’Aéropostale.
Bercé dans ma plus tendre enfance par les récits des pionniers de l’aviation, cette phrase a marqué mon esprit. Pilote privé depuis 1985 et 26 ans à l’Aéroclub de Cuers dans le Var, j’ai toujours voulu voler plus loin, voir d’autres horizons. J’ai découvert, en 1994, ce rallye organisé par l’association Air Aventures depuis 1983 et je me suis dit qu’il fallait que je vive cette expérience. Nous avons baptisé notre équipage « Les Ailes du Désert »
Une expérience unique qui amène chaque année une quinzaine d’équipages de 3 à 4 personnes sur un parcours de 10 000 km entre Toulouse et Saint-Louis du Sénégal, avec une escale obligatoire sur la célèbre piste de Cap Juby à Tarfaya, où Antoine de Saint-Exupéry a écrit Courrier Sud.
Bien entendu les conditions ne sont pas les mêmes que celles que connaissaient les pilotes d’antan, qui se jetaient vers l’inconnu au manche de machines volantes dont la fiabilité n’a pas grand-chose à voir avec les avions d’aujourd’hui. L’équipage des Ailes du Désert a opté cette année pour un Piper PA 32, un avion monomoteur solide et confortable.
Au programme : des navigations, des épreuves d’identification de sites, des questionnaires de culture générale, et des concours d’atterrissage de précision. Cette épreuve reprend les thèmes des épreuves de Rallye Aérien de la Fédération Internationale Aéronautique, et même si on vole en équipage – 4 personnes en l’occurrence -, cela fait beaucoup de choses à gérer. Malgré cela, il y a des moments où personne ne parle dans le cockpit, où nous sommes tous subjugués par les paysages que nous survolons, et où les souvenirs de nos lectures d’enfance ressurgissent même après quinze participations.
Un rêve d’enfant qui prend aussi la forme d’un projet humanitaire : l’équipage amène avec lui, à chaque participation, du matériel médical et d’hygiène pour le compte de l’association Pharmacie Humanitaire Internationale, ainsi que des fournitures scolaires pour l’école primaire de Tarfaya offerte par la société Charlemagne. Une manière de perpétuer l’esprit de ceux qui ont ouvert la Ligne il y a près de 100 ans, et leur volonté de rapprocher les peuples.
J’ai bénéficié d’un don d’organes anonyme
Bien qu’affecté d’une maladie héréditaire (polykystose hépato-rénale), j’ai pu participer à 10 rallyes aériens avant ma greffe de rein survenue en 2009. Jamais malade, jamais opéré avant cette greffe, j’ai eu la grande chance d’échapper à la dialyse car le temps d’attente du greffon salvateur a été très court (4 mois et demi seulement). Libéré des fatigues quotidiennes d’avant la greffe, ma transplantation rénale m’a permis de revivre normalement, de poursuivre mon rêve et de participer à nouveau, depuis 2010, à 5 rallyes aériens.
Christophe MACHON – Novembre 2016